RECORD EATER c’est tous les 3ème mercredis du mois à 20h sur RSTLSS Radio.
Pour cette première saison, JR raconte le rock pendant la guerre du Vietnam avec ses vinyles, ses anecdotes, des moments d’histoire.
CCR – Run Through the Jungle
La chanson a longtemps été considérée comme une critique de la guerre du Viêt Nam, mais John Fogerty a révélé dans une interview accordée à Dan Rather en janvier 2016 que le véritable sujet de la chanson est la prolifération des armes à feu aux États-Unis. Le malentendu est venu du titre de la chanson pris au sens propre et du fait que le groupe avait déjà critiqué de manière implicite le conflit vietnamien avec Fortunate Son ou Who’ll Stop the Rain.
Lynyrd Skynyrd – Simple Man
La chanson, écrite en 1973, fut inspirée par le décès de la grand-mère du chanteur Ronnie Van Zant. Simple Man étant une des chansons les plus populaires du groupe de rock sudiste, elle fut reprise de nombreuse fois : Hank Williams Jr. En 1991, Deftones en 2005 ou encore Shinedown en 2011. Bien que Simple Man parle d’un enfant unique, Ronnie Van Zant avait en réalité 2 frères et 2 sœurs.
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Marvin Gaye & Tammi Terrell – California Soul
Alors que le duo donne un concert le 14 octobre 1967, la jeune chanteuse de 22 ans s’écroule sur scène. Atteinte d’une tumeur au cerveau, Tammi Terrell continuera d’enregistrer aux côtés de Marvin Gaye jusqu’à sa mort en 1970. Pour l’enregistrement de l’ultime album Easy, Tammi sera trop faible pour interpréter certaines chansons, dont California Soul. C’est la chanteuse Valérie Simpson, future star du disco, non créditée sur l’album qui interprétera donc ironiquement l’une des plus célèbres reprises du duo star de la Motown.
Canned Heat – Let’s Work Together
Classique absolu du groupe de Blues Rock de Los Angeles, ce titre est une reprise d’un morceau de Wilbert Harrison « Let’s stick together » de 1962. Le morceau original, obscur, sera réenregistré en 1969 pour surfer sur le revival blues de la fin des années 60 sous le nom « Let’s work together ». Le morceau sera un succès en atteignant là #32 du Hot Billboard 100 en 1970. Ironiquement, le single de Canned Heat de la même chanson sera le plus gros succès du groupe. Sortie quelques mois après la version de Harrison elle se hissera, elle, à la #26 du Hot Billboard 100.
Martha Reeves & The Vandellas – Nowhere to run
Symbole de la toute puissance industrielle de Détroit dans les années 60. La chanson Nowhere to run connaitra même un clip réalisé dans les usines Ford et suit la chaîne de montage d’une Mustang cabriolet. La rythmique que l’on entend lors de la chanson provient de chaînes trouvées dans l’usine et qui ont servi à l’enregistrement.
Jefferson Airplane – Volunteers (Live Woodstock)
Une anecdote bien trop croustillante pour que vous passiez à côté : en Avril 1970, Grace Slick, chanteuse du groupe Jefferson Airplane, est invitée à la Maison Blanche par son ancienne camarade de classe Trixia Nixon, fille du célèbre président des Etats-Unis, Richard Nixon. En célébrant le diplôme de son amie, Slick vit l’occasion parfaite de faire planner le président en lui faisant consommer à son insu une dose de LSD. La chanteuse s’entrainera notamment avec un complice à insérer du LSD dans une tasse de thé en cachant le produit sous son ongle. Bien que le plan fût parfait, le président ne daignera jamais se présenter à la réception de sa fille. On ne peut que se délecter d’imaginer Nixon sous l’influence du LSD diriger le plus puissant pays du monde en pleine guerre froide.
Top Drawer – Song of a Sinner
Ce morceau est résolument ce que les collectionneurs de vinyles anglophones appellent un Holy Grail, un diamant perdu chez les collectionneurs francophones. Top Drawer est un groupe obscur venu d’Ohio. La formation n’enregistrera qu’un seul album dans le Kentucky en 1972, Solid Oak, Totalement tombé dans l’oubli malgré une petite série de réédition en 1983 sur le même label Wish Bon. Finalement, c’est une bande d’allemands nommée « Psycho Sounds Records » qui va déterrer ce joyau en 2002 pour une sortie RM en CD. Depuis l’album connait réédition sur réédition. Cependant pour vous offrir une copie originale de 1972, soyez prêt à débourser plus de 2000€.
Led Zeppelin – Good Times Bad Times
Que dire sur ce Groupe ? Celui de tous les superlatifs…le seul groupe de l’histoire à avoir 6 albums classés en même temps dans les charts américains. Même la mort se doit d’être trop énorme pour emporter ses membres comme le batteur qui tire sa révérence après avoir ingurgité 40 shots de Vodka (avant de s’étouffer dans son vomi). Le groupe dont les membres insèrent des poissons dans les orifices de ses groupies (si, si je vous jure). Le groupe n’aura vécu que 10 ans mais restera certainement le plus grand groupe de l’histoire de rock. Je parle bien sûr du Zeppelin de plomb !!! Quoi comment ça vous ne connaissez pas ? et si je vous dis Led Zeppelin ? ha là on discute !
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Steppenwolf – The Pusher
Je profite de cette émission pour adresser un message aux plus jeunes qui suivraient notre émission : la drogue…ce n’est pas bien. Si vous en consommez, vous irez en enfer et vous serez obligés de rôtir pour l’éternité aux côtés de Kurt Cobain, Lemmy Kilminster, Janis Joplin ou Jimi Hendrix et autres damnés…alors que si vous n’en consommez pas, vous irez au paradis avec Pascal Sevran, Jean-Paul 2, Jacques Dessange et toute la bande.
Interlude anecdote du Vietnam : Operation Wandering Soul
Pour bien comprendre la folie de cette opération. Il faut se replacer dans un certain contexte de la guerre. Au milieu des années 60, les Etats-Unis sont empêtrés dans un conflit infernal et sa jeunesse est dévorée psychologiquement et physiquement. La consommation de drogue massive chez les soldats n’arrange pas la situation et beaucoup retournent au pays brisés, dépressifs, drogués. La jeunesse qui n’a pas encore été confronté à cet enfer, se fond dans un mutisme et une volonté de se séparer de ce système, à travers des moyens de consommation alternatifs, l’ingestion de drogue et le refus du combat : c’est le mouvement Hippie.
Ce mouvement est étudié de prêt par le gouvernement américain et souhaite comprendre la manipulation psychologique exercée sur les membres de cette communauté. Le psychédélisme par sa musique, son interprétation et son mode de vie, intéresse donc l’US Army qui y voit la clé de la nouvelle arme qu’elle souhaite appliquer au Viêt-Nam : la guerre psychologique grâce à une performance sonore psychédélique.
Pour ce faire : L’US army étudie les coutumes vietnamiennes. Ils découvrent que dans leur culture, l’âme d’un mort erre pour l’éternité si son corps n’est pas enterré auprès des siens. Cette coutume est prise très au sérieux par les vietnamiens. L’US army tenait donc le sujet de son enregistrement macabre : de la musique traditionnelle vietnamienne à la reverb fantomatique est jouée pendant que la voix d’un soldat viet cong errant dans la jungle se fait entendre à la recherche de sa femme et de sa fille. Cet enregistrement s’appelle Ghost Tape 10. Il fut expérimenté sur le terrain à partir de 1968. Diffusée dans la jungle à l’aide de haut parleurs sur les embarcations dans les eaux du Mekong, en hélicoptère et même sur les tours des bases américaines et sud-vietnamiennes.
On sait très peu de choses sur les effets et résultats de l’opération Wandering Souls. Si ce n’est les témoignages de soldats américains parlant de l’enregistrement qu’ils entendaient pendant la patrouille. Les témoignages sont unanimes chez tous les belligérants : Ghost tape 10 est effrayant pour tout le monde, américain inclus.
Aretha Franklin – Chain of fools
Des anecdotes sur Aretha Franklin y’en a pas mal, mais je pense que la plus pertinente, de loin, c’est que si elle s’était mariée avec Sean Connery, elle se serait surement appelée Aretha Connery. Plus sérieusement, Aretha Franklin c’est un véritable culte, première femme au Rock and roll Hall of fame, 1 Grammy par an entre 1968 et 1975 pour 18 au total…et une manie étrange de monter sur scène avec un sac à main. Pourquoi ? dans ce sac à main se trouvait le cachet de son spectacle, elle procédait ainsi après avoir vu BB king et Ray charles se faire arnaquer et ne pas avoir été payé après leur show. D’ailleurs Pierre à ce sujet ? tu n’oublieras pas le petit sac comme d’habitude ? tu me payes en franc depuis 6 mois, tu es sûr que ça va revenir, hein ? je te fais confiance !
Jericho Jones – Man In The Crowd
Un groupe plutôt obscur venu d’Israel. D’abord nommé The Churchills, ils se voient demandé de changer de nom à leur arrivée en Angleterre pour l’enregistrement de leur album : Junkies, Monkeys and Donkeys en 1971. Ils proposent un hard rock comme on l’aime, si bien que l’album a parfaitement traversé les âges et les copies originales en vinyles sont très recherchées des collectionneurs.
The First Edition – I Just Dropped In
Cette chanson écrite par Mickey Newbury apparait sur son album Harlequin Melodies en 1968. La chanson est une mise en garde sur les effets du LSD, méconnus dans le pays de l’oncle de Sam, puisque les paroles évoquent un trip psychédélique. La chanson fut même reprise par Jerry Lee Lewis sur son album Soul My Way, mais ce sont Kenny Rogers and the first Edition qui seront à l’origine de son interprétation la plus célèbre en atteignant là #5 place du Billboard.
Neil Young – Cowgirl in the sand
Cowgirl In The Sand est une chanson importante puisqu’elle traite d’un autre phénomène des années 60, la révolution sexuelle. La chanson questionne sur le jugement à poser sur cette période, est ce que c’est une bonne chose, ou au contraire est ce que c’est une mauvaise chose, est ce que les femmes se mettent à coucher parce qu’elles sont otage de ce statut que leur impose le mouvement hippy ou est-ce que le font tout simplement juste parce qu’elles sont libres ? Finalement, cette chanson reste incroyablement d’actualité bien qu’elle soit sortie il y a plus de 50 ans.
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Ike & Tina – Proud Mary
D’abord écrite par John Fogerty des CCR, la chanson est un tube puisque le single se vendra à 2 000 000 d’exemplaires et se hissera à la deuxième place du Billboard. Le Duo Ike et Tina Turner la réinterprétera et boom, nouveau succès 3 ans après avec 500 000 copies et la 4# du Billboard. Du coup, une telle poule aux œufs d’or se doit d’être reprise par les plus grands : Solomon Burke, Elvis Presley, Status Quo y laisseront leurs griffes mais aussi Sylvie Vartan, Glee ou encore Chimène Badi, que des grands je vous dis ! Elle fut même reprise par un extraterrestre en la personne de Leonard Nimoy, l’interprète de Monsieur Spock de Star Trek. Longue vie et prospérité à ce morceau, donc !
Syl Johnson – Same Kind Of Thing
L’anecdote rigolote sur Syl Johnson est peut-être son retour du scène grâce au hip-hop. Alors qu’il vivait d’un business de fast-food de poisson, il découvre au début des années 90 les morceaux du Wu Tang, Kool G ou MC Hammer qui samplent ses morceaux, mais aussi Elle donne son corps avant son nom du groupe IAM qui sample I hate i walked away. Plutôt que de porter plainte comme l’ont fait énormément d’artistes de soul, il trouve stimulant ce remix de ses chansons et repart en studio pour enregistrer deux albums : Back in the game et Bridges to Legacy ! Génial non ?
Pink Floyd – Time
Tout a été dit sur la pierre angulaire du rock progressif, Dark Side Of The Moon, mais au cas où vous ayez vécu dans une grotte pendant 50 ans voici quelques chiffres renversant sur cet album :
- 45-50 millions d’exemplaires vendus
- 942 semaines dans le classement des ventes Billboard 200 soit près de 18 ans
- L’ingénieur du son Alan Parsons payé 35£
The Guess Who – American Woman
La chanson de mars 1970 du groupe canadien the Guess Who fut interprétée aux USA comme une attaque visant la politique américaine du draft pendant la guerre. Le groupe fit face à une vive riposte des conservateurs américains qui tentèrent de les obliger à s’engager dans l’armée américaine pour partir au Viêt-Nam et durent aller se réfugier au Canada. Pat Nixon, la femme du président Richard Nixon, du même leur demander de ne pas interpréter la chanson lors d’une réception du groupe à la maison blanche le 17 juillet 1970…Le chanteur Burton Cummings ne comprendra jamais cette tornade médiatique puisqu’il aura toujours déclaré que cette chanson parle de la préférence du groupe pour les femmes canadiennes sur les femmes américaines. C’est fou où une chanson peut parfois vous emmener.