Premier EP et première secousse intérieure
Dans un paysage où certains projets se perdent entre posture et saturation sonore, BARIMORE ramène le post-hardcore à sa fonction première : exprimer ce qui ne peut plus être retenu. Ici, le genre n’est pas un style, mais un état. Une zone de vérité brute où chaque note agit, parce qu’elle vient d’un endroit réel.

Sorti le 18 octobre 2025, le premier EP A Lift Service to Acceptance n’introduit pas un nouvel acteur : il révèle une secousse intérieure. La première fissure avait été ouverte le 19 juillet avec Abrasion, premier single et pièce maîtresse de l’EP. Rien n’y est relâché, rien n’y est joué. Le morceau fonctionne comme une fracture contrôlée, laissant surgir l’émotion à l’état brut. Ce moment de bascule rappelle ces instants chez Birds in Row ou Counterparts, où tout bascule non pas dans l’explosion sonore, mais dans la décision de ne plus retenir. Abrasion ne raconte pas la rupture : il la déclenche.
5 titres, 22 minutes. Pas une seconde de trop. L’EP se présente comme un bloc émotionnel compact – taillé pour laisser une trace, pas pour occuper l’espace.

Fondé à Bordeaux, le groupe évolue sur la scène depuis plusieurs années et s’impose comme l’une des voix du post-hardcore mélodique français. Composé de cinq musiciens, BARIMORE développe un son viscéral, direct, chargé d’émotion retenue. Tout repose sur cette esthétique VHS granuleuse qui donne à chaque riff un relief presque physique, comme si la musique cherchait moins à séduire qu’à s’imprimer sous la peau. On retrouve cette façon instinctive de transformer l’intensité en matière – une tension vivante que l’on croise aussi chez Touché Amoré ou Pianos Become the Teeth à leurs moments les plus sincères. Pas par imitation, mais par nécessité.
A Lift Service to Acceptance n’installe pas une narration classique. Il installe une tension, puis la laisse évoluer jusqu’à devenir état. Les guitares ne racontent pas : elles pressent. La batterie n’accompagne pas : elle impulse. La voix ne cherche ni l’effet ni la posture : elle expose. Tout ici fonctionne par pression émotionnelle progressive.
Ce qui marque, c’est la maîtrise de la retenue. BARIMORE refuse les explosions faciles. Il préfère cette montée réelle – celle qui traverse le corps avant de toucher l’esprit.




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