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S’il y a bien un atout qu’on ne peut pas renier à Bring Me The Horizon, c’est évidemment son art du teasing ! Après le succès de leur dernier album « That’s The Spirit » (qui a propulsé le groupe du Bataclan à des salles beaucoup plus conséquentes comme le Zénith de Paris en quelques mois), le groupe a tenu son public en haleine depuis août 2018 et la mise en ligne de « Mantra », le premier aperçu sonore de « Amo », le fameux nouvel album. Alors, quoi penser de ce « Amo » ? Premier constat, ce n’est clairement pas un message d’amour au rock et encore moins à leurs débuts. Alors entre « rois du teasing », coup de génie et ratage complet, faisons le point dans ses quelques lignes.
Tout d’abord, oui Bring Me The Horizon sont les « rois du teasing », des vrais pros en matière de promo. Rien n’a été laissé au hasard depuis l’annonce de ce nouvel album. À la sortie de « Mantra », le groupe avait travaillé tout un univers, la mise en ligne d’un site plutôt intriguant, un très beau clip pour accompagner le tout. Bref, une sortie en fanfare ! Le choix des singles qui ont suivi était aussi très intelligent. Entre « Wonderful Life » avec Dani Filth (de Cradle Of Filth) et « Medicine », le groupe a mis en avant les titres les plus rock de l’album et surtout des morceaux qui vont de paire avec le prédécesseur « That’s The Spririt ». Les choses deviennent plus excitantes encore pour les fans avec la mise en ligne des deux derniers titres « Mother Tongue » (chanson d’amour à la mélodie scandaleuse) et « Nihilist Blues » en duo avec une chanteuse canadienne plus connue dans le monde de l’électro-pop que du metal. En gros, tout a été extrêmement bien orchestré pour que les fans et le monde alternative rock en général soient plus qu’intrigués par cette nouvelle production.
Mais soyons honnête, cet album divise. D’un côté, une partie des fans crie au génie ! « Amo » est un vrai virage musical pour Bring Me The Horizon, un virage déjà ressenti sur « That’s The Spirit » mais largement plus poussé et assumé sur ces nouvelles compos. L’album est bourré de sonorités électro, de mélodies pop mielleuses, l’utilisation de vocoder et autres bidouillages technos sont très présents, et on notera également l’usage à outrance de nappes et d’interludes. Que ce soit dans la musique et dans la production, l’album se rapproche plus d’un Twenty One Pilot que de leurs premiers disques « Count Your Blessings » et « Suicide Season ». Justement, la production parlons-en. Ce disque marque une mainmise artistique complète de Oli Sykes (chanteur) et de Jordan Fish (clavier), qui se sont beaucoup impliqués dans ce disque et sont clairement devenus la tête pensante du projet, laissant les autres membres un peu en arrière. Bring Me The Horizon assume clairement ces nouvelles influences (et bizarrement la chose est mieux accueillie pour eux que pour Linkin Park en 2017). À noter aussi, la présence de featurings surprenants comme par exemple la participation de Rahzel, rappeur américain qu’on retrouve au sein de The Roots et qui a posé quelques flows et beatboxs sur « Heavy Metal » (on remarquera au passage le petit clin d’oeil).
Bon, dernier point… « Amo », un bon gros ratage? Peut-être pas, mais de la déception un peu quand même (pour être honnête avec vous, l’écoute de ce disque a été une vraie punition pour votre chroniqueur ici présent). On entend depuis plusieurs années que « le rock est mort », et c’est clair qu’avec ce genre de production, on a tendance à y croire. Les artistes sont libres de faire ce qu’ils veulent, de changer d’avis, de styles, d’influences mais en tant qu’auditeur et fan du groupe, on a de quoi être décontenancé. C’est aussi jouer un peu (beaucoup) la carte de la facilité… surfant sur la vague comme le font Twenty One Pilots, Imagine Dragons ou encore 30 Seconds To Mars. Les guitares ont presque disparu du tableau, noyées dans une vague de son électro, grandiloquent, aseptisé, avec un usage un peu poussif de violons (et autres niaiseries) et sans réel fond et intérêt pour un amateur de métalcore ou de rock en général !
En conclusion, « Amo » est un disque qui ne laisse pas insensible, ça c’est sur ! On peut quand même féliciter le courage de Bring Me The Horizon d’avoir assumé un tel virage musicale, on peut y voir ici une sorte de sincérité artistique et une volonté d’ouverture d’esprit. Après, un autre point reste en suspens… À quoi vont ressembler ces nouveaux morceaux en live? Peut-être que les guitares et le rock en général seront plus palpables en concert que sur album… Chose que l’on pourra vérifier sur les festivals cet été puisque le groupe sera notamment à l’affiche du Mains Square Festival à Arras en juillet !
A écouter : l’interview de Marie dans son émission Pink Inside, diffusée toutes les dimanches de 18h à 20h (disponible en replay sur Pink Inside).
