Quatre ans après la sortie de « Tell Me I’m Pretty » (le précédent album produit par Dan Auerbach des Black Keys), qui avait remporté le Grammy du meilleur album rock, Matt Shultz et sa bande reviennent en pleine forme avec un nouvel album intitulé « Social Cues ».
Ils sont donc de retour avec cette cinquième galette quelque peu différente de ce qu’ils avaient fait avant. Produit par John Hill, producteur plutôt pop à la base, ce disque atténue beaucoup l’âme rock du groupe. Leur son évolue vers quelque chose de plus aérien. On n’est pas très loin des délires d’un Arcade Fire (en moins grandiloquent) ou d’un Beck… D’ailleurs Beck apparait en featuring sur le titre reggae-dub « Night Running ».
Le côté un peu foufou des débuts est loin derrière. Où est passé la rudesse garage/grunge des premiers opus ? Si les prestations scéniques du groupe sont souvent explosives, on est ici dans un univers très calme, très radio-friendly… Alors OK, on n’est pas obligé d’être énervé tout le temps. Mais c’est dommage de ne pas retrouvé l’énergie qu’ils ont en live, sur les enregistrements studio (pour le coup Arcade Fire y arrive bien…). Mais ça n’enlève rien à la qualité de cet album.
Il y a un côté psyché avec des grosses plages de synthé, un son très inspiré par les eighties, notamment sur « Broken Boy ». Ce côté pop éthérée, aérienne sera finalement une sorte de fil rouge tout au long de l’album. Les mélodies sont ultra efficaces et s’accordent les unes avec les autres. Un esprit d’unité se dégage de ce disque. « Broken Boy », « Black Madonna » et « Skin and Bones » sonnent comme une fusion entre ALT-J, MGMT et David Bowie. Le post-punk de « House of Glass » remet un peu d’énergie à l’ensemble, tandis que « Ready To Let Go » et « Dance Dance », renoue un peu plus avec le garage-blues…
Les morceaux plus mélancoliques et planants avec des grosses touches lounge que sont « Love’s The Only Way », « What I’m Becoming » et « Goodbye » sont les points faibles du disque. Ils font penser à du Julien Doré version US. Alors même si Matt Shultz en a chié avec son divorce et qu’il a besoin de retranscrire ses émotions et son histoire, on est quand même sur la bonne grosse chiallade… C’est dommage, ça casse un peu l’énergie du reste de l’album.
« Social Cues » est dans sa grande majorité d’une très bonne qualité. Cage The Elephant livre un album frais avec des morceaux qui se démarquent plus que d’autres. Les Américains ont quasi abandonné leur côté rock pour le moment, mais ont réussi à taper plutôt fort du côté de la pop emballante. Il faudra voir ce que ça va donner sur scène.