Vingt ans après son dernier album studio, Norman Cook, plus connu sous le nom de Fatboy Slim, se livre sur son rapport à la musique dans une série d’interviews révélatrices. À 61 ans, le DJ britannique affirme avoir trouvé un nouvel équilibre, privilégiant les platines à la production musicale.
« Le truc, c’est qu’on ne peut pas faire de la musique sans être absolument passionné par ça et sans que ça vous anime dès le réveil le matin, » confie-t-il. « J’ai en quelque sorte perdu ma passion pour la création musicale. » Ses récents singles « Bus Stop Please » et « Role Model » (2024) ne sont pour lui qu’un « hobby« , loin de l’intensité créative qui avait donné naissance à des tubes comme « Praise You » et « Right Here Right Now« .
La pandémie a joué un rôle crucial dans cette prise de conscience. « Je me suis rendu compte pendant les 14 mois où je n’ai pas pu jouer à quel point ça comptait pour moi, » explique-t-il. « J’ai vu à quoi ressemble la retraite, et je n’ai pas aimé ça, ce n’est pas pour moi. »
Mais le plus grand défi de sa carrière n’était pas le confinement : « Ça a probablement été de devenir sobre. J’ai dû m’éloigner de la scène et apprendre à faire mon travail en étant sobre. Je ne l’avais jamais fait sobrement de ma vie et j’ai donc dû réinventer mon approche du DJ. Ça a été difficile, mais ça en valait la peine. 15 ans plus tard, je suis toujours en vie et je m’amuse toujours. »
Observateur privilégié de l’évolution de la scène électronique, il pose un regard lucide sur les changements de l’industrie : « La ‘dance music’ a explosé au cours des vingt dernières années. Avant, il y avait quelque chose de spécial à aller dans une boîte de nuit pour entendre des morceaux qu’on ne pouvait pas entendre à la radio. Une partie de cet amour a disparu. »
Malgré tout, Fatboy Slim reste optimiste, laissant une porte ouverte à un éventuel retour en studio : « J’espère qu’un jour la passion reviendra. » En attendant, il continue de faire danser les foules à travers le monde, trouvant son bonheur dans le partage direct avec son public. « Mon amour de la musique implique de la partager et c’est ce qui me motive. »
Son dernier album « Palookaville » (2004) semble bien loin, mais sa collaboration avec David Byrne sur « Here Lies Love » (2010), récemment adaptée à Broadway avec quatre nominations aux Tony Awards, prouve que son influence créative reste intacte, même si elle emprunte désormais des chemins différents.