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Il semblerait que Korn et surtout son leader Jonathan Davis ne sont jamais aussi bons que dans la tourmente, constat quelque peu tristounet pour commencer cette chronique mais amplement vérifiable après l’écoute de ce nouvel album sobrement intitulé « The Nothing » !

Avant de commencer notre décorticage en règle, un petit point sur l’histoire discographique de Korn. Ce groupe a marqué l’adolescence de pas mal d’entre nous et fait partie des figures du proue du mouvement néo metal des années 2000 aux côtés de piliers tels que Deftones, Slipknot et autres Limp Bizkit. Mais Korn a toujours été à part notamment grâce (ou à cause) à la sensibilité de sa musique et aussi de par son son de basse unique et ses riffs incisifs (surtout quand la magie de Brian Head Welch opère, on a pu voir et surtout entendre les dégâts lors de son départ entre 2005 et 2013). Korn nous offre notre première claque en 94 avec son album éponyme et la découverte pour nos petites oreilles encore vierges de « Blind ». S’ensuivent 5 albums cultes : « Live Is Peachy » en 96 avec le fameux « A.D.I.D.A.S. », « Follow The Leader » en 98 et ses tubes catchys « Got The Life » et « Freak On A Leash », « Issues » en 99 et son tube « Make Me Bad » et le célèbre « Untouchable » en 2002 plus mainstream et peut-être trop poppy pour les fans de la première heure, mais quand même l’un des disques les plus cool de la carrière de nos protagonistes.

Après ce bel enchainement, Korn a connu ce qu’on peut appeler une vraie traversée du désert… les membres vieillissent (ils perdent également leur guitariste mégalo, parti dans une quête mystique), ils sont aussi moins tristes et tourmentés, et surtout, le néo métal se prend un léger coup de vieux. En 2011, le groupe étonne toutefois avec l’album « The Path Of Totality », un disque qui divise mais on notera quand même le culot de Korn qui a expérimenté et tenté de faire évoluer son style avec des invités phares de la scène Dubstep (le truc à la mode à l’époque). Bref, c’est à partir de là que le groupe se rend compte qu’un retour aux sources ne serait peut-être pas trop mal… Le Korn du début à fait vibrer des millions de fans, autant repartir sur ce qu’ils font de mieux surtout avec le retour de Head dans la formation. Mais ce retour aux sources sera long et fastidieux avec quelques ratés comme « The Paradigme Shift » (2013) et « The Serenity of Suffering » (2016) dans lequel on retrouve quand même quelques bons titres, mais où bizarrement la sauce ne prend pas. Après ces quelques rebondissements, Korn replonge enfin dans ses vieux démons et nous sort l’album tant attendu (enfin, pour une bonne partie des fans je pense)… sans quelques petits bémols, mais « The Nothing » est un bon disque de néo metal avec la fameuse recette qu’on adore. 13 titres, soit 44 minutes de son produit par le fameux Nick Raskulinecz (qui avait déjà bossé sur la production du dernier « The Serenity Of Suffering » et qu’on a pu voir dernièrement aux côtés d’Alice In Chains, Mastodon et Rise Against) qui nous replonge dans nos années collèges, dans sa noirceur et ses déboires en tous genres.

« The Nothing » est sombre et bouleversant… Jonathan Davis a eu son lot de saloperies ces derniers mois avec notamment la disparition de sa femme, en plein pendant l’enregistrement du disque et qui sera du coup un évènement marquant pour l’écriture des paroles. On pourra dire ce qu’on veut de Korn et de son leader mais Jonathan Davis fait partie des artistes les plus sincères qu’on l’on puisse trouver, rares sont les chanteurs qui se donnent autant dans leur musique et partager avec autant de tripes ses émotions. Cet album est une thérapie, des chansons d’un homme qui souffre… Alors oui, ça peut être un peu déroutant à l’écoute notamment du titre d’intro (à la cornemuse, petit clin d’oeil à « Issues ») où l’on entend carrément Jonathan Davis pleurer, mais on ne pourra jamais lui reprocher un manque de sincérité. On est emporté dès les premiers morceaux « Cold » (qui rappelle par moments le titre « Blind » sur les refrains), « You’ll Never Find Me » (astucieusement choisi comme premier single), « The Darkness is Revealing » et « Idiosyncrazy »… du Korn à l’ancienne avec ses breaks massifs, le duo Head/Munky qui nous offre des riffs de guitare monstrueusement efficaces, la basse sèche et claquante de Fieldy et la voix torturée de Jonathan Davis en fils conducteur (émotionnel) de ce disque. L’intensité ne retombe jamais, les titres s’enchainent avec beaucoup de fluidité malgré « The Séduction Of Indulgence » qui refroidit un peu nos ardeurs (le morceau est un peu plat pour être honnête), mais Korn se fait très vite pardonner avec « Finally Free » qui relance la machine jusqu’au final « Surrender To Failure ».

Korn nous offre avec « The Nothing » un retour aux sources dignes de ce nom, un disque sombre et mélancolique dans lequel ils jouent la carte de la nostalgie et de la tristesse… Un disque à fleur de peau. Alors, oui, c’est du bon vieux néo métal et en 2019 ce style reste un peu désuet, certains trouveront cet album kitsch (bien ringard et dépassé donc) tandis que les autres plongeront les yeux fermés dans leurs tourmentes adolescentes et se laisseront emporter dans les tourbillons de malheurs de notre cher Jonathan Davis.