À l’image de David Lynch avec la saison 3 de sa série culte Twin Peaks, Life Of Agony s’est lancé le pari fou d’apporter une suite à son chef-d’oeuvre « River Runs Red », premier album qui les a fait connaitre en 1993. À cette époque, Life of Agony est un groupe qui intrigue notamment de par son line-up et la présence de Sal Abruscato, batteur des très connus Type O Negative. Avec ce premier opus, Life of Agony tape fort avec un album concept lugubre et angoissant racontant l’histoire du suicide d’un adolescent à la vie tourmentée, le tout avec des compos alternative rock reprenant les codes du metal, du hardcore, voir du nu-metal. L’album a choqué quelques auditeurs notamment à cause de ses interludes sombres, et aussi de par le sujet traité… Pas forcément très rassurant pour les parents qui essaient de gérer et comprendre la phase gothique que leur ado qui s’enferme dans sa chambre en disant que « la vie c’est de la merde » sans devoir s’inquiéter en plus du dernier album à la mode chez les jeunes (soyons honnête, on leur en a fait baver à nos paternels quand on y repense).
26 ans plus tard, le groupe est passé par pas mal de choses qui auraient achevé plus d’une formation rock… Entre les changements de line-up, les pauses, les retours ratés, des albums plus ou moins bons et un changement radical d’un Keith Caputo qui est revenu en Mina Caputo il y a quelques années… Bref, une histoire à la Beverly Hills (je parle bien ici de la série avec Brandon et Kelly, oui c’est bien ça) en plusieurs épisodes rebondissants qui semblent prendre une belle tournure en 2019, car oui, cette fameuse suite à « River Runs Red » est plutôt bien menée.
« The Sound Of Scars » nous plonge dès le premier son à la fin lugubre de « River Runs Red » avec une intro reprenant l’ambiance de cette salle de bain où le personnage fait son geste ultime de « Friday ». En 1993, le fin nous laisse sur un suicide et une mort… Mais plus de 20 ans après (attentions spoiler), on découvre que cet ado tourmenté a raté son coup (et tant mieux), et l’album raconte donc ce chapitre de sa vie avec des titres d’une efficacité ravageuse. Alors oui, le line up n’est plus le même, Abruscato ayant laissé sa place à Veronica Bellino mais cette dernière assure largement le job. Niveau structure, le groupe reprend le principe des 3 interludes : ici « Then », « Now » et « When » font écho au « Monday », « Tuesday » et « Friday » de « River Runs Red », choix plutôt astucieux de la part de Life Of Agony avec ces passages qui nous transportent dans un vrai film musical tout en faisant un petit clin d’oeil à l’épisode 1. Niveau compos, on est attrapé dès les premiers titres « Scars », « Black Heart »et « Laydown » qui font penser à Stone Temple Pilots et Alice In Chains. Des vrais hymnes rock qui sentent bon le grunge des 90’s avec des mélodies et des rythmiques massives. Pour le coup, Life Of Agony joue la carte de l’efficacité avec des titres calibrés radio, tirant encore une fois par moments sur le néo metal comme avec « Empty Hole » et « Eliminate ». Autre point positif de ce disque, la voix de Mina Caputo qui a gagné en intensité et en émotion notamment sur le titre final « I Surrender », beau point final à ce concept album.
Pari réussi donc pour Life Of Agony qui apporte une belle suite à sa pièce maitresse de 93… On y découvre un belle histoire, celle d’un adolescent qui se bat contre ses démons, époque où la dépression est un thème plus que récurrent dans la scène rock. Mina Caputo est toute sa bande nous offrent un disque qui sent bon le rock alternatif des 90’s avec un son massif et des rythmiques incisives. « The Sound Of Scars » assure à Life Of Agony un vrai retour digne de ce nom, avec des titres à la hauteur du talent des protagonistes. Bref, on adore ce film et l’espoir qui s’en dégage… On va surement le réécouter plus d’une fois le dimanche soir sur son canap’, toujours mieux que la soupe qu’on nous sert à la TV.