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Un album de Tool se chronique avec beaucoup d’attention, c’est pour cela que nous vous proposons deux point de vue très différents dans le fond mais tout aussi intéressant… Commençons par l’avis du professionnel :

On n’aura finalement pas eu à attendre 10000 jours pour avoir le nouvel album de Tool entre les oreilles. “10000 Days”, le précédent disque est sorti en 2006. à cette époque, l’IPhone n’existait pas encore, Twitter venait juste de naitre et Grégory Lemarchal était toujours vivant. Il s’en est passé des choses en 13 ans… On avait peur que Tool ne produise plus rien de neuf et se contente de se réunir de temps en temps pour ne faire que des concerts. Maynard James Keenan n’est pas resté inactif pour autant, puisqu’il a fait plusieurs albums avec son projet PUSCIFER et un nouveau disque avec A PERFECT CIRCLE. Mais Tool est enfin de retour aujourd’hui avec “Fear Inoculum”.

Le groupe reste résolument à l’opposé de ce qui se fait dans l’industrie du disque. Ils continuent à brouiller les frontières entre arts, psychédélisme, métal alternatif et rock progressif. Donc malgré les années, ne vous attendez pas à les voir rentrer dans le cadre de la musique pop formatée pour passer à la radio. Malgré cela, il faut avouer que ce nouvel album reste étonnamment accessible. Pas besoin de l’écouter 30 fois pour rentrer dedans.

L’album est une aventure musicale à travers le temps et l’espace. On part d’un délire arabisant avec des plages de synthé psychédéliques puis on survole des lignes de guitare blues se transformant en mur de sons saturés. On vogue du blues des 60’s à un prog rock des années 70 jusqu’à un metal plus moderne, le tout souvent dans un même morceau. La chanson titre ouvre sur un motif répétitif de trois notes au violoncelle auquel s’ajoute une rythmique un peu orientale. Au fur et à mesure que les couches se superposent, une tension monte et est encore intensifiée avec la voix.

Cela part parfois un peu dans tous les sens, mais ce n’est pas le bordel pour autant. C’est juste de la complexité soigneusement orchestrée et totalement contrôlée par le groupe. Ils invitent les auditeurs à ressentir plusieurs points de vue à la fois. Ils ont créé un labyrinthe magique où tu peux être à plusieurs endroits à la fois… C’est à toi de voir si tu peux décider de l’explorer de 3 endroits en même temps, ou juste de te laisser aller à te perdre.

Maynard chante sur toutes les pistes de l’album à l’exception des transitions (sauf sur “Chocolate Chip Trip”), mais souvent ses contributions sont très brèves. L’album fait une place très importante aux passages instrumentaux et psychédélique. Sa voix est plus comme un instrument supplémentaire qui accompagne par touche les morceaux. Mais quand il intervient, ça claque d’autant plus, comme sur les titres “Invincible” et “Culling Voices”.

Le travail de Danny Carey est vraiment ce qui est mis en avant dans ce disque. Les percussions magistrales de Carey sont le véritable lien entre les pistes et en sont la force motrice… La colonne vertébrale de Tool depuis sa création a toujours été la rythmique et ça ne change pas avec cet album.

La version CD est un peu chère, car il y a un mini écran LCD inclu dans le packaging, diffusant une vidéo exclusive. Une version simple devrait être dispo plus tard. La version numérique est livrée avec 3 pistes instrumentales bonus, mais si vous achetez le CD, vous pourrez les télécharger.

Tool reste Tool, l’album sonne comme du Tool et s’ils expérimentent, cela reste dans un cadre toolesque. Le mélange subtil entre prog, stoner psyché et metal est toujours la même. C’est ça aussi qui est bon, on est en terrain connu, tout en étant perdu dans une nouvelle aventure. Alors ceux qui attendaient un changement radical après ces 13 ans, vont être un peu déçus. Les autres seront très contents.

Derrière chaque chroniqueur d’album se cache toutefois un petit coeur qui bat avec des émotions… il était donc aussi important d’avoir le point de vue de ce petit muscle sensible qui bat derrière tout ce travail :

13 ans pour sortir un album… Sérieux ? Le concept de l’album tourne autour du chiffre 7. Il y a 7 morceaux qui ont chacun une structure en sept temps. La musique c’est de l’émotion, on n’en a rien à foutre des math. 6 morceaux, durent plus de 10 minutes et l’album en dure 85 en tout… Ce n’est pas un peu long ? On a aussi un solo de plus de 4 minutes… Mais le temps dans un morceau de Tool, c’est comme la météo avec la température réelle et ressentie pendant une canicule… Après ces 4 minutes de solo, j’ai eu l’impression que ma barbe avait poussée de 15 cm…  

La version numérique de l’album se termine par le titre « Mockingbeat » qui est en fait un morceau de transition fait de bruitage chelou… Mais une transition vers quoi ? Vers les bruits du RER quand tu l’écoutes dans les transports en commun? Genre le silence après du Tool reste du Tool ? Tool c’est un peu les David Lynch de la musique. Il y a eu des moments de bravoure, il y a très longtemps, mais la légende l’emporte grave sur la réalité. Cela reste incompréhensible / inaccessible pour la majorité des gens, mais tu peux pas trop le dire sous peine de te faire lapider par la secte des ultra-fans. Car Tool et Lynch, soit tu es un giga fan prêt à te faire tatouer leurs visages dans l’intérieur des paupières pour pouvoir les regarder même quand tu fermes les yeux, soit t’aimes pas… Il n’y a pas d’entre deux.

Perso, je suis fan de Deftones, mais je suis le premier à reconnaître que parfois, leurs expérimentations sont un peu chiantes… Mais si quelqu’un me dit qu’il n’aime pas Deftones, je ne l’enlève pas de ma liste d’amis Facebook. Alors que si vous êtes en couple avec un fan de Tool et que vous n’aimez pas le groupe, ou que vous lui dites juste que c’est sympa mais sans plus, c’est divorce avec interdiction de voir les enfants et inscription de force à un fichier en ligne de délinquants sexuels.

En fait, j’ai pas vraiment de problème avec Tool, j’y suis juste pas trop sensible (la plupart du temps). Mais j’ai un problème avec les fans de Tool.