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Il y a deux ans, Frank Carter nous offrait un album parfait avec « Modern Ruin ». Il s’est ensuite rappelé à notre bon souvenir très régulièrement, en sillonnant les routes et remplissant les salles de son énergie, notamment en première partie de Biffy Clyro. Beaucoup de concerts et de festivals (d’ailleurs son petit featuring sur « Killing In The Name » avec Prophets Of Rage au Resurrection Fest est un bonheur à regarder).

Le nouvel opus de Frank Carter and The Rattlesnakes, « End of Suffering » amorce un tournant musical de taille. Si on aimait le punk teinté de hardcore des deux premiers disques, le groupe développe ici la mélodie tout en étant plus dans la retenue. On retrouve des tempos plus calmes, l’énergie toujours présente est contenue, mais si on la sent toujours transpirer. Comme maintenue par un énorme barrage qui la canalise et permet d’aller vers plus de subtilité et de nuance.

« Why A Butterfly Can’t Love A Spider » et son petit côté ballade fait penser un peu à du Robert Smith (mais pas le gros Robert Smith millionnaire d’aujourd’hui, mais le jeune écorché des années 80). Carter dévoile un véritable talent de chanteur, sa voix et ses textes prennent de la hauteur et structure de manière pertinente les titres. Il a énormément travaillé son chant. Il s’essaie dans des tonalités plus dramatiques et lancinantes et ça fonctionne carrément bien. L’agressivité est toujours présente mais délayée dans un peu de pop. Tom Morello vient faire un petit feat. sur le blues crasseux « Tyrant Lizard King ». Les lourdes guitares d’inspiration hardcore enflamment tout sur « Supervillain », « Heartbreaker » et « Love Games ». « Crowbar » a un côté très groovy tandis que « Kitty Sucker » est un titre au gimmick addictif et intense.

Si on devait trouver un point négatif à ce disque ce serait probablement le dernier morceau « End of Suffering », grosse chiallade avec un piano mielleux (Maitriser la ballade émouvante et la violence sur un même disque n’est pas si facile ! N’est pas Biffy Clyro qui veut…)

Frank Carter nous avait habitué à des sonorités plus punk et des paroles plus agitées. Le résultat est un bon album, très cohérent, sombre mais musicalement accrocheur. Le groupe n’est pas devenu mainstream pour autant, il nous a livré un album plus abordable, dans la lignée d’un Jack White ou des Black Keys, mais avec des grosses couilles. « End of Suffering » est définitivement plus posé. La coloration pop rend l’album agréable mais n’efface pas le flanc tourmenté et poignant de notre écorché rouquin.