Blink-182 est de retour avec « Nine », un album assez court composé de 15 titres qui dépassent rarement les 3 minutes et le tout torché en 42 minutes. On est dans l’efficacité et l’énergie punk et pas trop dans l’expérimentation (si Tool pouvait un peu faire la même chose, ils feraient des albums un peu plus souvent et surtout un peu moins chiant).
Après écoute, « Nine » est même moins catastrophique que le suggéraient les singles sortis en amont. Ce n’est pas la merde infâme que les pro-Delonge annonçaient en se sacrifiant des soucoupes volantes sur le torse… Surtout si tu écoutes le disque en entier, si tu le vois avec une vision d’ensemble. Là, tu remarques qu’il y a des enchaînements qui cartonnent. Genre le titre « The First Time » suivi de « Happy Days » et « Heaven ». Les trois sont plutôt efficaces. « Happy Days », le single qui était sorti avant l’album, est bien mais pas top. Du coup il a un peu plus de gueule et prend de la hauteur quand tu l’écoutes entre deux bons morceaux… C’est comme dans un burger, si tu trouves que la viande est moyenne mais qu’elle est entourée en haut d’une bonne tranche de cheddar bien fondant et en bas de cornichons bien croquants, ça sauve le steak un peu trop cuit. Et finalement ton burger est OK… Ici, c’est pareil.
Pour en revenir à l’album et à Blink-182 en général, on peut dire qu’Hoppus est l’âme pop de Blink alors que Tom Delonge en était le moteur punk. Du coup, le groupe prend une direction vachement plus pop. Matt Skiba apporte bien sa touche, donc on retrouve des traces d’ADN d’Alkaline Trio de-ci de-là mais on s’éloigne des vieux Blink. Ne vous attendez pas à entendre un nouvel « Enema of The State ».
« Nine » est donc un disque un peu décevant quand tu le compares avec les standards que le groupe nous a pondus par le passé. Mais on est loin de la catastrophe annoncée… « No Heart To Speak Of », « On Some Emo Shit”, « Black Rain »,« Pin The Grenade » (qui n’est pas une reprise de Clara Lucciani contrairement à ce que l’on pourrait croire), sont des titres qui défoncent et devraient ravir les fans en live…
Ce disque n’est pas mauvais même s’il n’est pas ouf. C’est un peu une mi-molle ! Le véritable problème, qui est un problème qui survient régulièrement dans le monde du rock, c’est l’identité du groupe. Quand le line-up change. Quand un membre fondateur et ultra-important se casse. Faut-il continuer sous ce nom, ou créer un nouveau groupe ?
Rage Against the Machine sans Zack de la Rocha, c’est plus Rage. Ils ont pris la bonne décision en devenant Audioslave puis Prophets of Rage… Si tu es Josh Homme, tu peux te permettre de changer le line-up de Queens Of The Stone Age souvent, car c’est toi l’âme de ton groupe… Comme c’est chaud de faire les Rolling Stone sans Keith Richard par exemple, c’est pour ça que tout le monde s’en bat les couilles des albums solo de Jagger… Car dans le cas de Blink-182, si tu enlèves un élément essentiel comme Tom Delonge et que tu le remplaces par Matt Skiba, qui est quelqu’un de très talentueux mais qui n’est pas Tom Delonge, il faut s’attendre à une mutation dans le son du groupe. Delonge a fait Blink-182 et sans lui, ce n’est plus vraiment Blink, mais l’inverse serait vrai aussi… Si Delonge était resté et qu’Hoppus se soit cassé: le constat serait le même. Sans les deux réunis, c’est plus vraiment Blink. Du coup, s’ils avaient changé de nom de groupe, genre Blink 183, le disque serait mieux passé, car il n’aurait pas à d’affranchir du passé.
« Nine » est pop et formaté radio US avec une production bien propre et sans aucun pet de travers (ce qui est quand même un peu l’antithèse du punk mais ceci est un autre débat…). On passe de titres excellent à du bof bof. Mais pour finir sur une note positive, si il y a un truc qui ne change pas avec Blink, c’est Travis Barker. Ses parties sont toujours top, rien à jeter, il reste un des meilleurs batteurs au monde.
Post Scriptum : Pour les fans de Blink et de bonnes rigolades, je vous conseille d’aller voir en live un groupe qui s’appelle Clignement 182 qui font des reprises de Blink en Français…