Skip to main content

Au bout de dix ans sans véritable nouvel album, on commençait à ne plus croire à un nouveau disque de Rammstein. Même s’ils disaient bosser sur un nouvel opus depuis 2018. On avait des doutes, car ça n’aurait pas été le premier groupe à annoncer cela et à ne rien sortir, malgré des tournées à succès (coucou System of a Down)… Puis le guitariste Richard Z. Kruspe, qui annonce depuis quelque temps la séparation du groupe, après cet album et la tournée qui en découlera, car il ne veut pas que Rammstein devienne le nouveau Kiss du metal. C’est plus qu’honorable, mais ça nous fait un peu chier… Un autre signe de l’apocalypse pouvait nous faire douter : Till qui enregistre un titre avec Zaz. Ok, il aime bien les ambiances sale et glauque mais il y a des limites à tout… Et plus fort que la peur de ne pas avoir de nouvel album : et s’ils mettaient mille ans à sortir un disque qui se révèle être une merde comme « Chinese Democracy »

Le titre « Deutschland » est le premier single issu de ce nouvel album. Il nous a été dévoilé, il y a quelques semaines, avec une vidéo ultra-provocatrice (ce qui ne nous étonne pas de la part du groupe) tenant davantage de l’œuvre d’art que du clip de base qu’on peut voir sur MTV (MTV diffuse encore des clips d’ailleurs ?). Cette vidéo est ultra travaillée et magnifique. Le groupe a probablement dû claquer le budget d’un film français (salaires de Kad Merad et d’Omar Sy inclus) en une vidéo. L’essence indus du groupe, est présente. Des gros breaks avec juste une petite nappe de synthé et une voix rugueuse, avant les explosions de guitares. Il y’a comme une petite réminiscence / clin d’œil à « Du Hast » et « Ich Will », ce qui n’est pas sans nous donner des petits frissons de plaisir… (je défie n’importe quel fan de metal de rester devant Rammstein en live et de pas avoir les poils qui se hérissent au premier « Du Hast » prononcé…).

Deuxième single dévoilé il y a juste quelques jours. « Radio » commence comme un titre électro, avant qu’un mur massif de guitares nous tombe dessus comme le mur de Berlin est tombé sur le communisme. Les claviers de Flake sont très mis en avant. Le refrain presque pop (une pop quand même un peu vénère…) est formaté pour être scandé par la foule en live. « Zeig Dich » s’ouvre sur des chants d’opéra, avant l’arrivée d’un riff vigoureux (ça claque comme du Ghost avec des couilles). Moins électro/indus que les 2 précédents titres, on est dans du Rammstein bourrin, classique mais efficace. Avec « Ausländer », on repart sur du gros électro-metal qui tache. Ça fait penser à du Rob Zombie qui se serait fait pécho par Die Antwoord. Till en fait des caisses dans les intonations quand sa voix n’est pas bourrée d’effets. Le refrain est plein de paroles dans d’autres langues (« mi amor », « mon chéri », « come on baby »). Le petit chœur / écho qui répète le mot « Ausländer » est la petite touche qui fait basculer ce titre de bon à très bon…

« Sex » et « Was Ich Liebe » sonnent comme du bon Rammstein de base, et là encore, j’ai hâte de voir la foule hurler « SEX » en live. « Puppe » calme un peu les choses, Till s’y transforme en tonton chelou qui nous raconte une histoire de manière un peu glauque pour nous endormir… « Diamant » est là (très courte) chanson douce de l’album. On revient à du gros son avec « Weit Weg » même s’il est moins efficace que les premiers titres du disque. Avec « Tatoo », finit les intros au clavier, on se mange directement un bon gros riff et une rythmique qui emporte tout. Avec « Halloman », Rammstein clôture l’album avec une histoire d’horreur à l’ambiance glauque et oppressante.

Cet album est clairement découpé en deux. La première partie est très excitante, on y retrouve la folie du groupe. On y mange la recette classique : une louche d’électro, dans une marmite de metal, 3 mesures d’ambiance vicieuse et une pincée de provoc, mais une provoc intelligente, contrairement à ce que leurs détracteurs peuvent penser (Le jour au Marilyn Manson fera de la provoc aussi subtile, les poules auront des dents et elles attaqueront les humains pour se venger…). La deuxième partie du disque est beaucoup plus calme et moins percutante, un peu trop dans la douceur, un peu trop en pente douce. Genre on balance des titres qui auraient pu être des chutes d’anciens albums, sans chercher à innover… Malgré ce côté bipolaire, ce nouvel opus de Rammstein est excellent. Il joue un peu la sécurité mais c’est impossible de ne pas se laisser emporter.